L'avenir du travail face à l'émergence de l'IA.. C'est sur ce sujet que Yann Ferguson a bien voulu nous accorder une interview, un " Raconte-moi demain !" sous son expertise et son regard de sociologue, spécialiste du travail et de l'IA.
Il livre donc, au micro de TVDICI, quelques unes de ses réflexions, dans une interview extrêmement riche et nuancée, sur l'humanité et les technologies ainsi que leurs limites.
Depuis les fondamentaux du travail définis par Karl Marx comme " le propre de l'homme" : afin de façonner le monde à son image, y imprimer sa personnalité, sa vision et le faire de manière sociable, pour d'autres de son espèce... Se demander comment l'IA va permettre de conserver ces caractéristiques semble l'une des questions prioritaires à se poser.
La quête de sens des jeunes générations qui souhaitent, aujourd'hui, avant tout, faire quelque chose de positif pour la planète, vient re-questionner le sens donné par leurs parents au travail.
Cet objectif de sens, au temps de l'IA, comment peut on le conserver ? car il ne suffit plus pour le jeunes, de faire carrière et d'avoir une trajectoire sociale ascendante...
Le bonheur semble ailleurs ! Avec la prise de conscience que ce qui faisait sens auparavant contribue à détruire un capital naturel.
S'épanouir par la société de consommation semble être une quête sans fin. Le plaisr devient "à obsolescence programmée", car le luxe d'hier devient une necéssité de demain et cesse de nous "faire plaisir".
A contrario, le temps passé pour du lien avec sa famille et ses amis procure un bonheur plus durable ce qui est actuellement prouvé scientifiquement.
La place de l'intelligence artificielle dans ce rapport au travail et au bonheur ?
Elle est d'abord anxiogène pour l'humain : remplacement ou soumission à la machine semblent être les principales sources d'inquiétude.
Ce futur dystopique de soumission existe déjà pour tous les gens dirigés par des algorithmes, notamment ceux qui exercent dans l'économie dite ubérisée.
Cependant, ce n'est pas dans cette direction que le ministère du travail, et le partenariat mondial (auquel Yann Ferguson participe) veulent aller .
La piste la plus désirable est d'allier les promesses économiques de l'IA et la " job satisfaction" la possibilité d'avoir un travail de qualité, pas seulement un emploi, mais un emploi qui permette de se réaliser
Le scénario n'est pas encore établi pour arriver à ce cas de figure mais le choix final dans l'équation" indications de l'IA, choix de l'humain "semble devoir être opéré par l'humain, avec la possibilité de se re-questionner, de revenir sur ces décisions pour arriver au monde qu'on veut construire.
Car la question (et sa formulation) est, pour Yann Ferguson, beaucoup plus importante que les réponses que différentes IA pourraient fournir...
Régles du jeu, cadre éthique et projection des conséquences sont une forme de maturité au regard des technologies dont on ne mseure pas, de prime abord, toute l'ampleur.
Par ailleurs, qualité de vie au travail et travail de qualité sont intimement corrélés (ainsi qu'à l'estime de soi) et chaque travailleur devrait pouvoir se réapproprier la perception de la qualité de SON travail. (ce qui peut poser certains soucis avec l'exo-perception de la qualité, actuellement généralisée et qui pourrait être renforcée par certaines applications de l'IA )...
Les propos de Yann Ferguson sont mesurés sur toute cette réflexion actuellement en cours et cette interview se termine sur quelques notes de science fiction, avec Starwars et son approche anthropologique, Le guide du voyageur intergalactique et le fameuse question du "sens de la vie, de l'univers et de tout le reste'" et la non moins fameuse réponse " 42 " , les super-héros : de Batman à Superman posant la question du transhumanisme, et I, Robot et les 3 lois de la robotique, avec un bel écho au dernier " Raconte moi demain "de Dominique Pon quant aux réflexions d'Isaac Asimov sur ce qui resterait de lui à la postérité.