Elvire Prochilo, consultante dans le management de l'innovation et l’entrepreneuriat, a développé une expertise dans l'entrepreneuriat étudiant.

Cotoyant les Millénials à travers les programmes entrepreneuriaux qu’elle anime, elle décrypte ici leurs aspirations face à l'emploi et l’entrepreneuriat et les adaptations à envisager tant dans l'enseignement supérieur que dans le management des organisations.

Ayant grandi dans un contexte socio-économique incertain, bercés par la nécessité impérieuse d’une conscience écologique environnementale, les Millenials abordent leur avenir avec de nouvelles façons de voir le monde, notamment celui du travail. Ils recherchent avant tout l’épanouissement personnel (équilibre vie privée /travail), du sens dans leurs engagements professionnels. Leur rapport à l’autorité n’étant pas forcément corrélé à la compétence, leur remise en question du système bouscule les codes des entreprises.

Disposant d’un esprit plus entrepreneurial (de leur propre vie) que celui de leurs parents, les Millennials et autres générations Z sont prêts pour multiplier des expériences professionnelles qui leur permettront d’évoluer dans un cadre de valeurs qui leur propre. L’entrepreneuriat ou l’intrapreneuriat se présentent donc comme des débouchés naturels pour eux.

Poussé par les aspirations des jeunes générations, le monde académique doit s'adapter en proposant des nouveaux programmes d’apprentissage qui favorisent le développement des aptitudes dites entrepreneuriales.

Si les écoles de commerce et de gestion développent ce type de programmes, c’est nouveau pour les écoles d’ingénieurs, qui sollicitent de plus en plus d’intervenants professionnels pour l’enseignement des fonctions support. Les universités développent aussi des programmes Entrepreneuriat étudiant possiblement sanctionnés par un diplôme…

Les étudiants qui participent à des tels parcours pendant leurs études gagnent du temps, de l’argent, et l’audace d’une aventure sans prendre de risques démesurés. Ils gagnent aussi en maturité, gage d’une meilleure employabilité.

Entrepreneuriat, Intrapreneuriat ?  Quels sont les débouchés de ces programmes ?

Pour ceux qui veulent continuer leur projet, si les incubateurs pédagogiques les accueillent volontiers durant leurs études, les organismes d’accompagnement à la création leur sont inaccessibles à la sortie, leur projet étant trop émergent pour être éligible. Pour rompre l’isolement du porteur de projet, il semble nécessaire de s’interroger sur le chainon manquant entre le dispositif étudiant et l’incubation dans le monde professionnel pour éviter ce qu’Elvire appelle la « Vallée de la mort » de l’étudiant entrepreneur .

L’intrapreneuriat est un débouché envisageable pour les étudiants forts d’une expérience entrepreneuriale sans en être convaincus. L’acquisition de nouvelles aptitudes intrinsèques et professionnelles favorise leur autonomie, la créativité et la prise d’initiative.

Cependant, les dirigeants se sentent plutôt démunis face aux nouvelles générations sans toujours savoir comment gérer ces profils qui comprennent mieux les différentes fonctions de l’entreprise, mais qui veulent prioriser la qualité de vie au travail, le bien-être et l’autonomie.
 

Comment donc recruter, intégrer, fidéliser la jeune génération ? 

Dès l'accueil dans l’entreprise, s’il reste fondamental que la vision, la mission et les valeurs de l’entreprise soient transmises et respectées par les Millenials, il apparait nécessaire pour les dirigeants d’être plus à leur écoute pour mieux comprendre leur culture, leurs talents, leurs aspirations. Ils doivent déployer un niveau d’autorité pouvant aller de l’injonction à la délégation par la confiance (qui n’exclut pas le contrôle…) selon la situation rencontrée, avec une posture de leader-serviteur impliquant des qualité managériales humanistes

Et demain ? Vers un management humaniste, vers l’organisation apprenante

La crise du COVID, les contextes mouvants (volatils, incertains, complexes et ambigus) nous apprennent à vivre dans et avec l’incertitude. Il est devenu nécessaire pour les entreprises de s’adapter rapidement et efficacement à des changements permanents et de plus en plus rapides. Y compris au niveau du management des organisations.

 Ces contextes poussent les dirigeants vers un management plus démocratique, qui se caractérise par une plus grande implication des collaborateurs quand cela est possible, la prise en compte du bien-être matériel et relationnel, basés sur des valeurs permettant de travailler en confiance, ce qui est une condition de l’ouverture. Cela doit passer par le développement de compétences (actions de formation continue), des pratiques collaboratives en équipes pluridisciplinaires (innovation, créativité), ou encore le partage de bonnes pratiques en matière de gestion du temps pour retrouver du sens et modifier les comportements collectifs et individuels.