Consommer mieux, éviter le gaspillage d'énergie, d'eau, et alimentaire,  remettre dans la boucle de la consommation des aliments  de type " légumes dits moches", recycler ses déchets et les valoriser, tel était l'objet de la table ronde "L'Occitanie passe à l'antigaspi" animée par Marc Lamy, entrepreneur dans la restauration et animateur de la commission FoodTech à la Mêlée.

10 millions de tonnes de denrées par an, c'est en effet la quantité de pertes et gaspillage alimentaire estimés par l'ADEME en France soit une valeur commerciale de 16 milliards d’euros.  Au delà de ce gaspillage mesurable, alors que certains n'arrivent pas à se nourrir convenablement, c'est également tout un prélèvement inutile de ressources naturelles, eau, énergie, terres cultivables et des émissions de gaz à effet de serre qui pourrait être évité.

Ces dernières sont évaluées par l’ADEME à 3 % de l’ensemble des émissions nationales.

C'est avec le concours de Jean-Jacques Bolzan, élu en charge du Bien Manger pour la ville de Toulouse, président de la fédération des marchés de gros (entre autres fonctions) , Jennifer Dirand, chargée de la mission RSE pour le MIN -Grand Marché de Toulouse, Nicolas Costes- cofondateur et brasseur pour la Brewlangerie, Alexandre Folks, cofondateur de l'association " Les belles Gamelles",  Valentin Famose, cofondateur d'Hector le collector et Laurent Caplat, cofondateur de bienmanger.com, que diverses solutions pour réduire ce gaspillage ont pu être abordées.

Toulouse métropole accomplit d'ores et déjà des actions d'accompagnement de la restauration collective, prévision du nombre de repas dans les cantines grâce à l'IA, sensibilisation dans les écoles ...

Du côté du MIN, Le Grand Marché doit répondre à l'obligation d'aider les opérateurs à trier, collecter et valoriser leurs déchets. Au delà de la démarche antigaspi, c'est toute une politqiue volontariste de partenariat et mécénat menée pour soutenir un grand nombre d'associations. Par ce biais, plusieurs d'entre elles qui oeuvrent dans l'alimentaire sont assistées, dont une douzaine hébergées sur place.

 Parmi celles-ci, "Les belles gamelles" a vu le jour au début du premier confinement du au Covid. Avec la fermeture des restaurants, ceux-ci se retrouvaient  avec de la marchandise périssable dans leurs réfrigérateurs et souhaitaient en faire profiter les soignants. Cependant, l'association s'est vite rendue à l'évidence, le personnel hospitalier voyait des dons de nourriture affluer, et ce n'était pas les personnes les plus dans le besoin, alimentairement mais d'autres personnes dans la rue. De bénévoles de type restau du coeur ou banque alimentaires ( parfois âgés) manquaient également à l'appel.Préparer des repas de chefs pour des personnes en grande précarité  est une chose qui ne se faisait pas dans l'aide alimentaire et c'est au MIN qu'une cuisine a été mise à disposition et que les grossistes ont ouvert leurs portes quand les réserves des restaurateurs ont été épuisées. Des subventions ont permis de péréniser cette action. L'association fonctionne aujourd'hui avec des bénévoles, dont des bénéficaires de l'aide alimentaire ce qui a permis de les intégrer dans la production de repas pour leur apprendre comment cuisiner des produits frais, participant ainsi à l'éducation au goût et au "bien manger pour tous". 2 à 5 tonnes de produits par semaine qui partiraient autrement à la benne sont ainsi récupérées auprès des grossistes.

Avec Hector Le Collector, c'est une autre idée qui est encore développée: Le compostage des déchets alimentaires, notamment avec les déchets "inévitables" : os, arêtes, épluchures ... déchets constitués à 90 % d'eau, et qui partaient à l'incinération s'ils n'étaient pas triés. Leur tri et collecte permet soit de les composter, soit de les méthaniser, 2 modèles différents de valorisation.

La Brewlangerie à la fois boulangerie et brasserie, récupére le pain rassis, invendu pour remplacer une partie du malt d'orge  et récupére les drêches - le reste de malt après brassage qui contient encore beaucoup de fibres et de protéïnes -  pour les revaloriser dans le pain ou les donner aux agriculteurs pour nourrir leur bétail ou à destination de méthanisation, s'il y a un excédent.

Mais, même avec ces solutions pour éviter le gaspillage  de multiples questions se posent, : modèles économiques, coût de la revalorisation, collecte non polluante, filières à organiser... pour s'orienter vers les solutions les plus vertueuses.

A cet effet, un projet Européen a récemment été lancé. Le Projet SISTERS, financé par l’Union européenne et développé dans le cadre de l’appel à projets Horizon 2020 a pour objectif de réduire le gaspillage alimentaire et les émissions CO2 aux différentes étapes de la chaîne de production alimentaire en Europe.