Alors que la France tarde encore à légiférer sur le congé menstruel, certaines structures pionnières prennent les devants.

C’est le cas d’Enercoop Midi-Pyrénées, coopérative engagée pour une transition énergétique citoyenne, qui a mis en place depuis octobre 2024 un congé de santé gynécologique pour ses salariées.

Un droit nouveau pour faire face aux douleurs menstruelles et à la ménopause

Inspirée par les avancées de l’Espagne – premier pays européen à adopter une loi sur le congé menstruel en 2023 – Enercoop Midi-Pyrénées propose désormais 13 jours de congé par an, fractionnables en demi-journées et limités à deux jours consécutifs, pour les personnes concernées par les règles douloureuses ou les symptômes liés à la ménopause.

Cette mesure vise à alléger la charge physique et mentale que ces périodes peuvent représenter. Elle s’inscrit dans une logique de bien-être au travail et d’égalité réelle entre les femmes et les hommes. « Ce n’est pas un arrêt maladie, c’est un congé supplémentaire sans perte de salaire, pris en charge par la coopérative, sans certificat médical ni préavis », souligne Mathilde Duran, co-présidente d’Enercoop Midi-Pyrénées.

Lever les tabous, impliquer tout le monde

Ce dispositif a également eu un effet inattendu mais bienvenu : il a libéré la parole au sein de l’équipe. « Les hommes sont souvent mal informés sur ces sujets. Ce congé a permis de briser un tabou. Ce n’est pas quelque chose dont on parle naturellement devant la machine à café. Pourtant, ça mérite de l’être », confie Rémy Seksek, chargé de construction et d’exploitation.

Et les collègues masculins ont joué le jeu : la mesure a été adoptée à l’unanimité en gouvernance, preuve que l’égalité professionnelle ne se construit pas uniquement par et pour les femmes, mais avec tout le monde.

Une culture d’égalité pensée au quotidien

Le congé menstruel ne représente qu’un volet d’une démarche plus large initiée par les salarié·es d’Enercoop Midi-Pyrénées pour identifier et déconstruire les biais genrés au travail. À travers des initiatives concrètes – comme l’analyse de la répartition de la charge mentale (100% des cagnottes d’anniversaire gérées par des femmes, par exemple) – la coopérative cherche à visibiliser et corriger les déséquilibres.

Des ateliers pédagogiques, un référentiel documentaire, des affichages éducatifs et une charte pour l’égalité en cours d’élaboration viennent compléter ces actions. L’écriture inclusive est également adoptée pour refléter cette volonté d’inclusion.

Féminisme et écologie : une lutte commune

Cette politique sociale audacieuse s’inscrit pleinement dans les valeurs portées par Enercoop : solidarité, justice sociale, coopération. « Féminisme et écologie sont intimement liés : tous deux dénoncent un système patriarcal et capitaliste qui exploite les femmes autant que la planète », rappelle la coopérative. En liant justice de genre et transition écologique, Enercoop démontre qu’il est possible de penser un futur plus juste et plus durable, à tous les niveaux.