Le Département de l’Hérault lance le concours d’idées « Habiter le littoral demain ».
Son objectif ? Questionner l’aménagement, le devenir, la mutation d’un territoire face aux aléas climatiques et aux risques de submersion marine.
Les équipes candidates devront penser l’aménagement d’un quartier résidentiel ou mixte, faire des propositions écologiques,
fondées sur la nature et résilientes aux effets attendus des dérèglements climatiques à l’horizon 2050 – 2100 :
- montée du niveau de la mer de 40 cm ou plus
- températures moyennes dans l’Hérault +1,5°c par rapport aux températures actuelles
- intensification des épisodes de canicules et des épisodes de pluies méditerranéennes
- moins de pluies au printemps et des hivers plus doux
Les propositions d’aménagement de ce quartier devront intégrer des solutions d’économies de ressources, de réduction des émissions de gaz à effet de serre, une préservation de la biodiversité (privilégier la continuité des écosystèmes, concevoir des systèmes d’épuration avant tout rejet dans le milieu naturel…), des mobilités douces et une économie circulaire.
Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau, des systèmes de stockage et d’utilisation des eaux pluviales ainsi que de réemploi des eaux usées pourront être imaginés.
Enfin il s’agira de rechercher des solutions qui permettront, pour un temps donné, d’occuper des espaces qui seront ensuite rendus à la nature à l’horizon du 22ème siècle. Des solutions de déconstruction devront donc être imaginées.
QUEL LITTORAL HERAULTAIS EN 2050 ?
Constitué de côtes basses et sableuses, le littoral Héraultais possède des sites naturels exceptionnels. De grandes plages parfois sauvages, cohabitent avec des lagunes séparées de la mer par des cordons de sable, les lidos.
Néanmoins de nombreux phénomènes viennent transformer ces paysages et leur équilibre.
Tout commence avec la hausse des températures…
Les projections à l’horizon 2041-2070 dans l’Hérault sont (source DRIAS) :
- augmentation de la température moyenne journalière annuelle d’au moins 2°C
- augmentation du nombre de jours de fortes chaleurs et du nombre de journées d’été
- doublement du nombre de nuits tropicales* (*nuits pendant lesquelles la température ne descend pas en dessous de 20°C)
- forte augmentation du nombre de jours de vague de chaleur
- augmentation des précipitations intenses
- augmentation des périodes de sécheresse et d’humidité
… qui provoque la montée des eaux…
La montée du niveau de la mer est une certitude scientifique, directement liée au réchauffement climatique.
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime que le niveau des océans pourrait s’accroître de plus d’un mètre d’ici 2100 par rapport à 2000 selon les scénarios de modélisation les plus pessimistes.
Concrètement, on observe :
- une augmentation du volume d’eau, causé par la dilatation thermique => à masse constante, l’eau occupe un espace plus grand
- et une augmentation de la masse d’eau, la fonte des glaciers et de la calotte polaire venant alimenter les océans.
Cette montée des eaux vient également :
- accélérer l’érosion naturelle des côtes
- augmenter les risques de submersion marine
…. Ce qui accélère l’érosion
L’érosion côtière correspond à la perte graduelle de matériaux le long des côtes. On parle également de recul du trait de côte (interface entre la terre et la mer).
Sur un littoral sableux comme dans l’Hérault, ce recul est lié à une perte de sables (stock sédimentaire).
Ce sont des processus physiques naturels qui sont à l’origine de cette perte sédimentaire : les courants marins, la houle, la marée, le vent…
Ces processus peuvent être :
- lents et continus dans le temps tel que par exemple la dérive littorale
- ou bien épisodiques comme par exemple lors des tempêtes (recul du trait de côte de plusieurs mètres).
Ou encore accélérés par des aménagements (barrages, épis en mer, ….)
Et augmente le risque d’inondations
La montée du niveau de la mer augmente le risque de submersion marine sur certaines franges du littoral.
Les submersions marines sont des inondations rapides et de courtes durées (de quelques heures à quelques jours) de la zone côtière par la mer. Elles sont liées à des événements météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes comme l’Hérault en a connu notamment en 1982, 1997, 2003 ou plus récemment en 2014.
Concrètement quels enjeux découlent de ces phénomènes ?
L’ensemble de ces phénomènes transforme et parfois endommage progressivement plages, campings, aménagements touristiques et parfois habitations et bâti.
Pourtant ces zones côtières sont les plus urbanisées (source : Université Paul Valéry Montpellier) :
En France la densité de population sur le littoral est 2,4 fois plus élevée que la moyenne nationale.
Les scénarios pour 2040 : augmentation de la population littorale de 4,5 millions d’habitants. Les 25 départements littoraux accueilleront alors 40% de la population française métropolitaine (CEPRI 2016).
Dans l’Hérault le dernier recensement de l’INSEE (2019) montre que la croissance démographique (+2,5% en 2 ans – 3ème département le plus attractif de France sur la période) se concentre dans la moitié du Département proche du littoral.
En 2040 dans l’Hérault la population littorale représentera 70% de son urbanisation, les ¾ de ses habitants seront à moins de 15 km des côtes.
Le poids économique du littoral est également considérable dans l’Hérault :
- Tourisme : 37,4 millions de nuitées touristiques dans l’Hérault dont 71 % sur le littoral
- Nautisme : 19 ports de plaisance, 11 000 anneaux de plaisance, 250 entreprises, 160 M€ de CA
- Pêche : 500 unités de pêche, 800 marins, 2 criées (Sète et Agde), 41 M€ de CA
- Conchyliculture : 500 entreprises, 2000 emplois, 10 % de la production nationale et 90 % de la production régionale, 35 M€ de CA
La hausse du niveau de la mer entrainera inévitablement une progression de la salinité des sols, qui impactera l’agriculture, la faune et la flore.
Oiseaux migrateurs, espèces végétales remarquables, poissons et amphibiens… Ces zones côtières, en particulier les lagunes, sont de véritables de réservoirs de biodiversité qu’il faut préserver.
Les zones côtières de l'Hérault, en particulier les lagunes accueillent 52 espèces d’oiseaux dont 11 espèces remarquables
En exemple, la Grande Aigrette est une espèce d’oiseaux échassiers que nous retrouvons dans l'Hérault : c’est le plus grand de tous les hérons et aigrettes présents en Europe
Malheureusement, cette espèce est menacée par la salinisation des milieux : la hausse du niveau de la mer entrainera une progression de la salinité des sols, qui impactera la faune et la flore...
Alors, qui est prêt pour le concours ?