Lutter contre le travail
Lutter contre le travail des enfants c'est être confronté à l’ambiguïté d'un phénomène complexe aux enjeux mulples et parfois contradictoires (1).
Selon l’article 1 de la Convention internationale des droits de l'enfant "Un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable." Selon la Convention 138 de l'OIT (1973), l’âge minimum d’admission à l’emploi est de 15 ans (2).
Une dérogation est prévue sous certaines conditions pour les pays en développement qui peuvent fixer l'âge minimum à 14 ans. Quant à la Convention 182 (1999) : Elle interdit avant 18 ans "les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant."
Mais un autre point est très important pour qualifier le travail des enfants, c’est L’intérêt supérieur de l’enfant défini par l’Arcticle 3 de la convention des droits de l’enfant. (3) "Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, (…) l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale". L’intérêt supérieur de l’enfant et l’ « entraide familiale » est à analyser en particulier dans l’agriculture.
En effet, 160 millions d’enfants travaillent dans l’agriculture, essentiellement familiale. Ils représentent environ 70 % des enfants travailleurs dans le monde
C'est pourquoi l'agriculture est un champ prioritaire (mais non exclusif) de la réflexion, de la compréhension et de la prévention du travail des enfants (4). Travail "abusif" ou entraide familiale ? Le travail des enfants chez les petits producteurs est-il une aide ou un travail ?
Un enfant qui fait la vaisselle à la maison, qui bricole avec son père ou, qui passe des heures assis à l'école en écoutant au tableau un enseignant avec pour perspective de devoir apprendre ses leçons le soir même, travaille. Il n'y a là rien de choquant.
Un enfant qui aide ses parents en participant à la récolte d'une culture commerciale, travaille-t-il ou aide-t-il ses parents ?
Si l'on estime qu'il aide ses parents, aurions-nous la même réaction si cet enfant travaillait pour aider ses parents dans une usine ou dans une mine ? Où est l’intérêt supérieur de l’enfant ? Pourtant des enfants de pets producteurs travaillent depuis l’enfance pour « aider » leurs parents pour des cultures commerciales, toute l’année, ou pendant les vacances et les week-ends. Ils travaillent ainsi de façon informelle et invisible, et donc sans protection en cas d’accident, pour un secteur formel. Les causes du travail des enfants sont complexes (5), endogènes et exogènes, et aucune solution simple, voire simpliste, n’a un impact sur le long terme.